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Matériau bois et instruments de musique

Workshop et Symposium APLG-ITEMM-Bois de lutherie – 4 - 8 juillet 2023

Cela faisait un bon moment que l’APLG n’avait pas organisé une rencontre entre luthiers et après la période Covid, ce nouveau workshop de 3 jours et le symposium de 2 jours étaient particulièrement très attendus. Ces 5 jours ont été consacrés aux bois de lutherie et en particulier à l’épicéa qui subit les ravages du changement climatique et des sécheresses répétitives de ces dernières années.

Cette formation a été prise en charge par le FAFCEA (Fonds d’Assurance Formation des Chefs d’entreprises artisanales) et coorganisée avec l’ITEMM.

Un programme chargé pour la douzaine de participants qui a été ponctué par des soirées conviviales et musicales ! Une mention spéciale à Madeleine Lebrun (première dame de l’APLG) qui nous a donné un sacré coup de main.

Le programme

Le workshop du 4 au 6 juillet 2023

  • Visite de la forêt du massif du Mont Noir et visite de la scierie (1 journée)
  • Présentation du stage, tour de table et attentes
  • Présentation des paramètres mécaniques
  • Généralités sur le bois
  • Mesures sur échantillons : poutres puis plaques
  • Préparation d’échantillons pour le lendemain
  • Anatomie du matériau bois
  • Travaux pratiques d’anatomie du bois
  • Mesure sur échantillons
  • Tests d’écoute d’échantillons sonores

Le symposium les 7 et 8 juillet 2023

  • Restitution des activités du workshop
  • Étude sur la Recherche de substitution des bois tropicaux par les bois locaux
  • La mesure et la mise au point de la guitare acoustique
  • Bilan de l’état de santé des bois de lutherie et l’évolution des règlementations
  • Présentation du projet des bois locaux
  • Étude du rôle des propriétés géométriques et matériels d’une table d’harmonie
  • Réflexion sur le déploiement du projet des bois locaux

Workshop du 4 au 7 juillet 2023

Pour une mise en bouche gourmande et appréciée de tous, nous avons eu la chance de visiter l’un des plus précieux lieux du Jura où poussent de magnifiques épicéas de lutherie à environ 1 200 mètres d’altitude. Notre deuxième chance a été d’avoir pour guide Basile Buzzoni, technicien forestier à l’ONF et bien sûr Bernard Michaud assisté par Florent Scharwatt (qui reprend l’entreprise Le Bois de Lutherie) !

Nous avons pu visiter une futaie jardinée (au Mont Noir), des futaies régulières plus bas en altitude, puis une parcelle de forêt naturelle, sans intervention de l’homme. Si les épicéas sont ici très nombreux, seuls 15 % environ regroupent tous les critères pour qu’ils soient utilisés en lutherie : arbre bien droit qui ne “twiste” pas et d’un diamètre d’au moins 55 cm.

De plus, les épicéas jusqu’ici préservés des sécheresses provoquées par le changement climatique, commencent, ces 5 dernières années à en subir les graves conséquences. En effet, le massif du Mont Noir est principalement constitué de roches sédimentaires.  Le sol n’est donc pas le plus aisé pour le système racinaire de l’épicéa pour puiser l’eau indispensable à sa survie. Un épicéa a besoin de 200 litres d’eau par jour pour être en bonne santé et cette région était jusque là propice à ce climat pluvieux. Les sécheresses répétitives depuis ces 5 dernières années ont donc profité aux scolytes qui touchent de plus en plus d’épicéas d’altitude.

Ange gardien de la faune et de la flore

Durant cette randonnée très instructive nous avons tous été impressionnés par les compétences de Basile Buzzoni mais surtout par la relation et la passion qu’il entretient avec la forêt et du rôle essentiel des agents de l’ONF pour permettre à des exploitants forestiers comme Bernard et Florent de repérer les beaux épicéas tout en préservant l’intégrité de la forêt et de sa biodiversité. Car en effet, le rôle de l’ONF est aussi de préserver la faune sauvage qui vit depuis toujours en harmonie avec la forêt.

Nous avons pu aborder les points suivants durant cette journée en forêt, ponctuée par un pique-nique à midi !

  • Présentation du massif du Mont Noir
  • La futaie jardinée (type de futaie irrégulière caractérisé par un mélange pied par pied d’arbres de toutes dimensions, de feuillus et de résineux.)
  • La ressource et la récolte forestière
  • L’état sanitaire de la forêt
  • Le changement climatique et ses conséquences
  • Découverte du paysage forestier et de sa biodiversité
  • Les différentes essences présentes, et les différentes classes d’âge
  • Le principe du “jardinage” d’une forêt
  • Les bois de “qualité” (et leur utilisation possible ) et les bois “d’accompagnement”
  • Présentation d’épicéas susceptibles d’être utilisés en lutherie

De retour à Fertans en fin d’après-midi, ce fut l’occasion de visiter la scierie du Bois de Lutherie.

Florent Scharwatt au premier plan à gauche… 

Place à la science et ce qu’elle peut apporter aux luthiers dans la salle des ateliers du Bois de Lutherie qui reçoit régulièrement des formations et stages en lutherie guitare et du quatuor.

Cette formation n’aurait pas été aussi riche et instructive sans la présence de Romain Viala, chercheur en mécanique et responsable du Pôle Recherche et Innovation de l’ITEMM.

Ses qualités sont multiples et elles ont permis d’apporter aux luthiers son regard de scientifique mais pas que. En effet, Romain n’est pas seulement un chercheur, il est aussi musicien mais il fabrique également des prototypes d’instruments de musique dans le cadre de ses recherches et en amateur pour ses propres instruments. Les problématiques des luthiers, il connaît donc, et il sait utiliser le langage qu’il faut pour faire comprendre des théories scientifiques.

Ci-dessous : à gauche : Romain Viala – à droite Romain, Yves Mion et Philippe Bouyou

Les premiers travaux pratiques ont consisté à caractériser des morceaux de bois de différentes espèces sous forme de petites poutres puis de planches, en frappant la pièce de bois à l’aide d’un outil (ici un marteau de piano). On enregistre la fréquence du signal via un micro et le logiciel, ici “Soundtools”, développé par Frédéric ABLITZER, un chercheur du LAUM au Mans. La masse et les dimensions de la pièce de bois sont ensuite saisies avec la fréquence mesurée dans un tableur en ligne (cellules jaunes ci-dessous). Cela donne alors des informations qu’il sera possible de comparer d’une pièce de bois à une autre, pour comparer la matière seule.
 

Le même procédé a été ensuite utilisé sur des pièces de bois que les luthiers avaient rapportées de leur atelier et enfin sur des plaques et des tables que les luthiers ont jointées sur place.

Cela a été l’occasion de briser certains a priori. Par exemple, deux poutres du même arbre peuvent ne pas sonner pareil quand on les frappe avec le marteau tandis que deux poutres de deux arbres d’espèces différentes sonneront de façon identique (à l’oreille et à la mesure). Ce qui montre l’intérêt de tester beaucoup d’échantillons pour réellement comparer des essences de bois.

Ci-dessous : à gauche : Romain et Fred Kopo – à droite : Philippe Donnat et Julien Lebrun

Savoir identifier un bois est important également surtout si celui-ci provient d’un vieux stock récupéré qui n’est pas accompagné du nom complet de l’espèce. La technologie répond à ce besoin avec des outils peu coûteux, comme cette loupe macroscopique qui peut être adaptée sur smartphone ou sur tablette comme ci-dessous. 

Chaque participant avait sa petite loupe et s’est prêté à un exercice d’identification.

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La matinée a commencé par un résumé des 3 journées du workshop qui ont été très riches pour tout le monde avec finalement une alternative possible à l’épicéa que nous vous invitions à découvrir dans les conclusions plus bas !

Romain indique la mise en ligne imminente d’une bibliothèque de matériaux partagée sur internet (lien à venir). Il propose également de continuer les échanges de ce workshop via des visios régulières entre nous. La plateforme Discord est alors proposé.

1 – Recherche de substitution des bois tropicaux par les bois locaux

C’est au tour de Nicolas Michaud (aucun lien de parenté avec Bernard) en stage au pôle de recherche et d’innovation de l’ITEMM, de nous présenter son projet d’étude sur la recherche de substitution des bois tropicaux par les bois locaux.

À la base, ce projet était dédié aux instruments à vent – Projet B-LIV.

1) Recherche de bois locaux
– étude de la stabilisation des bois par imprégnation de résine
– comparaisons des résultats selon les bois

2) Mise en place d’une logistique d’approvisionnement
– avec la base de données de l’IGPN, et en contact avec l’ONF et des propriétaires forestiers de Sarthe

3) Concordance entre l’offre et la demande
– mise en place d’une base de données
– accompagner les facteurs
– éduquer les consommateurs
– peut devenir un élément marketing

Il nous invite à écouter le podcast sur spotify “Pensées forestières” auquel il a participé.

2 – La mesure et la mise au point de la guitare acoustique

Il n’est plus nécessaire de présenter Giuliano Nicoletti qui a déjà animé plusieurs webinaires en français et en anglais sur les mesures qu’il a développées et que vous pouvez retrouver dans son ouvrage (en anglais) Mastering the sound of the acoustic guitar.

1e partie : Théorie de base de l’instrument et des techniques de mesure et d’évaluation de l’acoustique. Mesure de la réponse en fréquence, figures de Chladni et mobilité du monopole.

2e partie : Ateliers pratique de mesure, d’analyse et des tests de tuning. Le séminaire de deux heures donnera aux participants une formation et des moyens qui permettront de bénéficier d’une approche technique à l’appui de la fabrication d’instruments traditionnels.

Cinq guitares acoustiques de luthiers ont pu être mesurées durant sa présentation. La conclusion est rassurante : ce sont toutes de bonnes guitares !!

3 – L’état des lieux des bois de lutherie et de leurs réglementations

Depuis 2016, Jacques Carbonneaux consacre une bonne partie de son activité à la veille sur les règlementations qui affectent les fabricants d’instruments de musique. Il évoque sa dernière participation au comité pour les plantes de la CITES qui s’est tenu à Genève début juin. La situation reste toujours très tendue sur certains palissandres, padouks, bubingas et acajous africains.

Afin d’éviter une annexe I au bois de pernambouc, les archetiers se sont engagés auprès des autorités CITES à mettre en place une traçabilité de l’arbre planté et récolté jusqu’à l’archet fini. C’est la première fois qu’une telle mesure est demandée aux fabricants d’instruments de musique et il faut s’attendre et se préparer, à terme, que cela soit généralisé à toutes les familles d’instruments.

Si l’instrument de musique n’est pas dans le champ d’application du règlement sur la déforestation de l’UE – RDUE – en vigueur depuis le 29 juin 2023, Jacques pense qu’il ne faut pas se dédouaner pour autant de certifier l’origine du bois de lutherie.

En effet, quel luthier pourrait accepter d’utiliser un bois potentiellement issu du commerce illégal ou ayant contribué à la déforestation ou à la dégradation des forêts ? C’est justement ces fléaux que souhaite combattre le RDUE.

Si les luthiers ne sont pas concernés par cette réglementation, ceux qui importent du bois pour eux, mettent du bois sur le marché de l’UE ou l’exportent, sont concernés. Il faudra donc s’atteler d’une façon ou d’une autre à veiller que ces acteurs de la chaîne d’approvisionnement des bois pour instruments de musique soient en conformité avec cette réglementation !

Nos associations sont des outils qui ont su prouver leur efficacité. il convient donc de les soutenir plus que jamais. Il faut ajouter que le bois n’est pas le seul matériau réglementé, les substances chimiques le sont également et cela impacte également les instruments de musique. Le groupe de travail lancé récemment par l’APLG sur l’éco-conception d’une guitare s’engage sur la voie du respect de l’environnement et de la santé des professionnels et des musiciens.

Ci-dessous : à gauche, Jacques Carbonneaux – à droite, Philippe Bouyou

4 – Le projet de récupération en région des bois locaux

Initié par le luthier Philippe Bouyou à Villecomte (Côte-d’Or en région Bourgogne-Franche-Comté) ce projet pilote a pour objectif de récupérer et valoriser des arbres, qu’ils proviennent de parcelles privées ou de parcelles publiques gérées par l’ONF, pour éviter qu’ils ne finissent en bois de chauffe ou en pâte à papier. Depuis le début de ce projet, Philippe a ainsi pu acheter 30m3 de frênes, d’érables (champêtres et planes), merisier, alisier, cormier, et noyer.

Voir le reportage des journées de sciages et stockage de ces bois.

Si le projet est séduisant, il n’en reste pas moins complexe à mettre en place. Il a fallu faire venir une scie mobile, trouver de la main d’œuvre pour déplacer les bois débités, trouver un emplacement pour le stockage et surtout trouver un débouché pour tous ces bois car Philippe ne gardera pas tout ce stock pour sa production artisanale. Le problème de la vente de ce bois se pose car à partir d’un certain montant, il est nécessaire d’avoir un statut professionnel spécial pour effectuer de la vente de bois.

L’objectif étant de proposer à d’autres luthiers de mettre en place un projet similaire dans différentes régions en France, d’autres questions s’ajoutent : comment vendre ce bois, à qui, ne pas devenir des concurrents mais plutôt des partenaires des fournisseurs de bois, etc.

L’ITEMM serait intéressé pour acheter plusieurs plateaux de ces bois locaux pour les travaux des étudiants, ce qui permettrait en plus de les sensibiliser au problème du bois en leur expliquant la provenance.

Compte-tenu de la complexité de la mise en place d’un tel projet, il a été décidé de consacrer la dernière après-midi de ce symposium à discuter de ce sujet.

5 – Discussion à propos d’un forum de discussions et de travaux

Pour reprendre la proposition de Romain de continuer les échanges commencés cette semaine, il a été proposé de créer un forum.

Après discussions, un serveur a été créé sur Discord « Science et guitare » – un mode d’emploi va être diffusé aux adhérents APLG.

6 – Étude du rôle des propriétés géométriques et matérielles d’une table d’harmonie de guitare acoustique

Yvan Giro, doctorant à la Sorbonne, a exposé le sujet de sa recherche : l’étude des matériaux écoresponsables alternatifs aux bois traditionnellement employés en facture instrumentale, plus spécifiquement dans le cas de la guitare acoustique à table plate et à cordes métalliques.

Par le biais d’un modèle numérique basé sur la méthode des éléments finis, il est possible de prédire la vibration d’une table d’harmonie pour une forme et un matériau donné : lorsque le choix du matériau servant à la fabrication de la table est soumis à des contraintes, en quelle mesure les “paramètres non-contraints” (schéma de barrage, épaisseur de table, …) permettent-ils d’aboutir à un résultat répondant aux attentes (du luthier/du musicien/des auditeurs) ?

Cette idée de “répondre aux attentes” peut être très subjective et donc compliquée à traiter. Dans une étude préliminaire réalisée l’an dernier, Yvan a contourné ce problème en fixant un objectif vibratoire arbitraire (la réponse en fréquence d’une table en épicéa barrée en X, courbe en noir sur la figure ci-dessus) à approcher en faisant varier le schéma de barrage d’une table constituée d’un autre matériau (ici l’acajou, choisi pour ses différences importantes avec l’épicéa et son utilisation pour des tables de guitare) (avant optimisation du barrage : courbe en rouge pointillé – après optimisation du barrage : courbe en rouge trait plein). Ce qui ressort de cette étude est qu’il est possible d’ajuster la géométrie de la table pour faire s’aligner certaines résonances, mais qu’une correspondance parfaite semble inaccessible pour des matériaux présentant trop de différences (ici, c’est surtout le rapport rigidité longitudinale/rigidité radiale qui est en cause). Il n’est cependant pas établi qu’une correspondance parfaite des réponses en fréquences soit nécessaire pour que le résultat sonore soit équivalent ; c’est autour de cette question qu’Yvan travaillera dans la suite de ses travaux.

7 – Samedi après-midi : réflexion à partir du projet de Philippe Bouyou

2 groupes de réflexion ont été créés : un sur la production, un sur la distribution

La production

Le but est de sauver des arbres, tombés ou qui doivent être abattus – ce n’est pas un besoin, il s’agit de sauver de la ressource. “C’est l’arbre qui doit venir au luthier et pas le luthier vers l’arbre !

Le luthier intéressé peut contacter les techniciens ONF de sa région pour les forêts publiques, ou le CRPF pour les forêts privées. Les arbres sont mis en bord de route, il faut la logistique pour les récupérer, donc faire attention à la distance.

Il serait intéressant de mutualiser les infos, de partager par exemple les coûts de sciage. L’APLG pourrait acheter les bois et organiser la revente (voir quel logiciel acquérir pour cette gestion).

Il est décidé de mettre en place un protocole, un mode d’emploi pour tout luthier qui serait intéressé.

Bernard donne son point de vue : ça lui paraît un peu illusoire, plusieurs essais ont déjà été faits et n’ont pas été bien loin. Pour lui ça n’a de sens que si ce sont des petites opérations locales.

La distribution

Questions :

– Qui gère la distribution ? C’est l’APLG qui facture (mais attention à ne pas dépasser un certain montant de facturation)
– Qui achète le bois (moins de 1 000 euros) ? c’est APLG

Quoi et pour Qui (quels publics) ?

Attention à ce que les plus beaux bois ne soient pas achetés par un seul et même acheteur (ou un groupe d’acheteurs).

Attention à ne pas rentrer en concurrence avec Le Bois de Lutherie car avec la raréfaction de l’épicéa, Florent va diversifier ses bois. Le prévenir avant tout acheteur qu’une bille est disponible.

Idée : mélanger les qualités des bois pour un acheteur.

– Luthiers APLG et non membres et professionnels (pas amateurs)

Jacques propose d’ouvrir de suite aux luthiers non membres avec un tarif supérieur pour lesnon membres. Par exemple entre 30 % et 40 % ?

–  Revendeurs de bois – pas d’exclusivité au Bois de Lutherie. Envoyer une liste des nouvelles billes aux destinataires revendeurs avec un quota (minimum un plateau, maximum en fonction de la qualité et de la disponibilité – la moitié d’un stock)

– En fonction de la quantité et qualité du bois, proposer aux artisans de la filière bois autres que luthiers 

– Quand ?

– Inventaire à faire du stock existant

– Voir avec Phil mais aussi Fred qui a 6m3 de frêne, et autres luthiers qui ont déjà des bois à disposition.

– Comment ?

Créer un espace sur le site internet et mettre en place une communication dédiée.

– Avec Qui ? (soutien, collaboration)

– Subvention nationale, voire européenne

– Subvention régionale : collectivité locales

– Collaboration ONF, CRPF, ONG

Après restitution des deux groupes de réflexion et discussions, il a été décidé que :

  1. un protocole va être écrit avec entres autres les principes suivants :
    • marche à suivre pour la récupération du bois
      • priorité au Bois de Lutherie
      • diffusion de l’info auprès des adhérents
      • quotas à respecter pour les achats
      • si tout n’est pas vendu, diffusion de l’info pour les luthiers non adhérents et les autres artisans de la filière bois…
      • l’APLG gérerait l’achat et la revente
  2. la 1ère opération va être la mise en vente du bois récupéré par Philippe
  3. ensuite : diffusion du protocole

De gauche à droite – en haut : Yvan Giro, Giuliano Nicoletti, Victor Guérif, Philippe Bouyou, Fred Pons, Yves Mion, Carmelo Gimenez, Périne Champagne, Gabin Graff, Nicolas Michaud, Romain Viala, Florent Scharwatt
en bas : Bernard Michaud, Julien Lebrun, Jacky Walraet, Jacques Carbonneaux, Mathilde 
Scharwatt
sans oublier Madeleine, absente sur la photo mais qui a été très présente dans la bonne logistique de nos soirées !


Conclusion

N’étant pas luthier mais œuvrant depuis 25 ans pour promouvoir et défendre le savoir-faire des luthiers artisans, je suis heureux d’avoir participé à la mise en place et au déroulement de ce workshop/symposium qui marque un tournant dans la lutherie artisanale.

En effet, j’avais initié en 2013 au salon Graine de guitares une première rencontre entre les luthiers et les scientifiques du LAUM et du pôle innovation de l’ITEMM autour du projet PAFI. Cette rencontre n’a pas été concluante à l’époque car les luthiers (en majorité) ne voyaient pas l’intérêt d’un nouvel outil. Mais les choses ont bien changé depuis et l’avenir inquiétant des bois de lutherie les poussent à réfléchir quant à l’utilisation de nouvelles technologies pour gérer au mieux et optimiser la ressource bois.

L’arrivée de Romain Viala au pôle de recherche et d’innovation de l’ITEMM a également tout changé car hormis ses compétences scientifiques, il sait mesurer les attentes du luthier mais aussi celles du musicien car il porte toutes ces casquettes à la fois. Je suis également très heureux de constater que d’autres scientifiques comme Yvan et Nicolas s’attellent à des sujets autour des instruments de musique !

L’un des thèmes de cette rencontre était de trouver un bois alternatif (s’il en existe un) à l’épicéa pour la table d’harmonie et après plusieurs essais et caractérisations de différentes essences, Romain nous a confirmé que le sapin (Abies alba) répondait, peu ou prou et à quelques variantes près, à ce que l’on peut attendre d’un bois de résonance pour la table d’harmonie !

Il est prévu que des guitares soient réalisées à l’ITEMM dans le cadre du BMA avec une table en sapin. Wait and see !!

Ce lien entre scientifiques et artisans est une chance pour l’avenir de la facture instrumentale et donc de la musique. Et en France, nous pouvons être fiers d’avoir des professionnels dans ces deux domaines.

Le rapport entre le luthier et la forêt est tout aussi capital et là encore, nous avons la chance d’avoir des entreprises comme le Bois de Lutherie et des agents de l’ONF à l’écoute de leurs attentes.

Cette expérience n’est qu’un début et j’invite toutes celles et ceux qui vont lire cet article et qui n’ont pas pu y assister à nous contacter pour nous faire savoir s’ils sont intéressés pour participer à une nouvelle session de ce workshop/symposium.

Jacques Carbonneaux


Jacky Walraet : Les 5 jours ont été un événement assez unique avec des ateliers et des conférences où les exercices pratiques et le transfert de connaissances étaient quasi simultanés.
Il est rare d’avoir une collaboration aussi bonne (et surtout cordiale) entre des scientifiques et des fabricants d’instruments de musique orientés vers la pratique (qui travaillent souvent uniquement sur la base de leurs intuitions).
Une telle collaboration et interaction positive est de la plus haute importance ; de cette manière, les luthiers peuvent commencer à travailler avec des pièces ou des propriétés de matériaux mesurables et vérifiables et peuvent toujours apporter des corrections au sein d’un spectre sonore, même dans des instruments finis. La perspective scientifique permet également de dissiper de nombreux mythes typiques du domaine de la facture instrumentale, qu’il s’agisse des méthodes de construction ou des matériaux de base, tels que les essences de bois. Les fabricants peuvent ainsi commencer à travailler de manière plus durable qu’auparavant. Ils deviennent ainsi des précurseurs et des modèles pour les grandes marques qui produisent de manière industrielle et ne se sont pas encore engagées sur la voie d’une transition écologique


Fred Kopo : Formidable !
Être au cœur du sujet, dans la région, dans la scierie, où sont sélectionnés et préparés les bois qui vont faire nos guitares, et passer 3 journées à comprendre et apprendre ce qui constitue ces bois, les mesurer, les caractériser …! Je reviens à l’atelier avec des tas d’envies et pleins d’idées à creuser ! Merci Romain, merci Giuliano, et merci Bernard & Florent.


Romain Viala : Cette formation a été une excellente occasion d’être en contact plusieurs jours avec les luthiers, et dans le cadre idéal pour parler de bois. Leur ouverture d’esprit est très importante pour répondre aux besoins futurs de la profession, et ils ont pris le problème à bras le corps et poursuivent les démarches même après la formation, c’est une excellente nouvelle ! Merci encore à la scierie Le Bois de Lutherie pour leur accueil et à mes collègues de l’ITEMM pour la gestion des inscriptions.


Carmelo Gimenez : J’éprouve une joie d’appréhender la lutherie par le côté scientifique grâce aux compétences de scientifiques tels que Romain, Giuliano, Nicolas, Yvan.
En effet, je trouve qu’avoir des connaissances en acoustique me permet de mieux comprendre les caractéristiques des guitares que je construis, de comprendre les interactions des différentes composantes de la guitare, afin de corriger, d’améliorer et surtout reproduire le son que je souhaite donner à mes guitares. Cela ouvre tout un champ de possibilités de couleurs et de caractéristiques. Bref, la porte ouverte à toute une créativité (dépassement de mes limites et et de mes exigences). Apprendre dans les conditions à Fertans dans la scierie avec les adhérents-compagnons dans la bonne humeur et la bienveillance est une autre joie.


Philippe Bouyou : Ces quelques jours passés au milieu du bois (et des bois) m’ont énormément apporté.
D’un point de vue technique avec Romain (et toutes les personnes de l’ITEMM présentes) qui sait nous transmettre son savoir et ses recherches de façon simple et abordable.
Avec Guiliano et son principe de mesure qui permet de solutionner et d’anticiper pas mal d’écueils.
D’un point de vue humain avec des échanges et des réflexions constructifs et des soirées mémorables !

Antoine Schmitt (luthier formateur à l’ITEMM) : Cette visite en forêt avec des professionnels de l’exploitation et du sciage m’a permis de prendre conscience de l’extrême rareté des arbres potentiellement concernés par la lutherie. La formation m’a apporté beaucoup de matière à transmettre à mes élèves. En parallèle de ça, nous avons passé d’excellents moments entre professionnels du milieu et les liens créés vont je l’espère aboutir sur des projets intéressants entre l’APLG et l’ITEMM.


Victor Guérif : Je ressens un immense honneur d’avoir participé à ces 6 jours de formation dans un lieu que je connais déjà et que j’apprécie énormément.
Cela m’a apporté de nouvelles opportunités sur la fabrication de mes instruments et une plus grande connaissance du bois et des représentations qui y sont liées. Les échanges entre luthiers ont été riches en savoir-faire et le point de vue de chacun confirme que ce métier est une passion, un art de vivre.
Les essais sur les guitares ont aussi enrichi ma connaissance sur le lieu de résonance de la table d’harmonie. Une réussite sur tous les plans, aucune fausse note !!

Galerie photos

Visite de la forêt du Mont Noir

Workshop du 4 au 6 juillet

Arrivée en bas du massif du Mont noir
Présentation de la journée à venir
Les parcelles du Mont noir
Plan des parcelles
Basile Buzzoni
Technicien forestier territorial à l’ONF
Marque spéciale biodiversité
Quand des animaux s'installent sur un arbre, celui-ci est interdit à la coupe
Bernard Michaud
Explications des critères de sélection d'un épicéa
Dans l'immensité de la forêt

Symposium du 6 au 7 juillet

Moments de détente