“La pérennité de l’instrument de musique en bois est totalement dépendante d’une biodiversité respectée”
De tout temps, la forêt nous a fourni ses bois pour notre consommation et pendant longtemps, la ressource était bien supérieure à la demande. Cependant, les choses ont bien changé et les causes de la déforestation qui ravage tous les continents de notre planète s’accumulent pour atteindre à ce jour une situation qui ne nous laisse pas le choix de revoir autrement notre consommation de bois, qu’il soit importé ou exploité localement.
Face à ce bouleversement, que nous décrivons ici, les luthiers sont confrontés à plusieurs constats :
Premier constat : la pérennité de l’instrument de musique en bois est totalement dépendante d’une biodiversité respectée. En effet, les bois de lutherie nécessitent des arbres centenaires qui proviennent des forêts primaires ou secondaires pourvues d’une variété d’espèces qui permet de préserver cette biodiversité nécessaire à une régénération naturelle des espèces.
Deuxième constat : malheureusement, les politiques en cours et à venir de sylvicultures monospécifiques des forêts secondaires et la disparition des forêts primaires vont à l’inverse du bon sens du biomimétisme qui permettrait de mieux gérer nos forêts et sa ressource bois. À terme, ces politiques vont changer le paysage de nos forêts et nous priver peu à peu des principales espèces d’arbres nécessaires tant pour fabriquer les instruments de musique en bois que pour préserver la biodiversité.
Troisième constat : parmi tous les produits bois de cette importante filière qui exploite les mêmes essences que celles utilisées en lutherie (artisanale ou manufacturière), l’instrument de musique est celui qui consomme le moins de bois en part de volume. Même si l’exigence de la qualité du bois coupé diminue considérablement le taux de rendement matière en lutherie (% du bois coupé qui se retrouve au final dans l’instrument), la production annuelle d’instruments de musique exploite peu de ressources bois en volume de bois coupé. L’instrument de musique devient donc un dommage collatéral de l’exploitation des plus gros secteurs de la filière bois.
Quatrième constat : David contre Goliath ! Même si l’instrument de musique ne fait pas le poids dans la filière bois, n’oublions pas que contrairement à tous les autres produits, il s’agit d’un outil pour créer cet Art qu’est la Musique, et à ce titre, il peut déclencher une prise de conscience du grand public, de la presse, avec pour ambassadeurs tous les plus grands musiciens jouant sur ces instruments.
Fort de l’urgence de la situation et de ces constats, l’artisan luthier est celui qui peut initier des actions qui feront, par effet boule de neige, leur chemin pour sensibiliser le plus grand nombre.
Passer à l’action : L’APLG et sa commission bois et matériaux de lutherie ont donc décidé de définir un plan de sauvegarde des forêts à court et long terme, avec la mise en place d’une gestion pérenne de la ressource des bois locaux, des actions de plantations d’arbres partout dans le monde (voir projets One Tree Planted et ABCP), des campagnes d’informations sur les réglementations des bois et de sensibilisation du public musicien.
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Deux axes principaux avec des actions déjà engagées